A propos

"Au fin fond d’un collège REP + de l’Oise, près d’une machine à café, trois professeurs de Lettres sont outrées : non seulement le mot « vulve » ne figure pas dans la plupart des manuels de SVT, mais de nombreuses personnes ignorent son sens et le confondent avec le mot vagin. Comment rendre à la vulve la place qui lui est due ? Elles commencent par prononcer le mot tabou sans cesse, partout et tout le temps.

À l’occasion d’une édition mémorable du festival CDF, ces trois fonctionnaires dysfonctionnent et s’inventent, au cœur de la forêt mystique, de nouvelles identités qui scelleront leur destin : elles seront désormais prêtresses au service de la Cause Vulvique. Nouvellement baptisées Silver Astra Vulva, Sanguine Iron Vulva et Acid Lagoon Vulva, elles fondent le Vulvet Underground.

Dès lors, tout s’emballe et la jaquette de leur premier album émerge sur les réseaux, sans qu’elles n’aient encore touché le moindre instrument (de musique). Y figurent déjà les titres iconiques scandés en soirée : « Is Richard coming tonight ? » et « On n’est pas féministes, on est juste là pour vous casser les couilles ».

Déjà dépassées par ce succès, acculées de toute part par un public qui exige un véritable concert, elles se résignent à faire sortir quelques notes d’instruments poussiéreux dans une remise. Bravant tous les risques à chaque répétition (nid de frelons, présence d’outils rouillés porteurs du tétanos, sonorisation approximative entraînant des acouphènes...), nos punkettes en herbe se retrouvent pour la première fois confrontées à la difficulté : « comment mesure-t-on une mesure ? » ; « qu’est-ce qui permet de distinguer un couplet d’un refrain ? » ; « Comment ça, ces deux notes ne vont pas ensemble ? » ; « C’est laquelle la corde de mi déjà ? ». Naïves, elles persévèrent et enfilent leurs bleus de travail pour mettre les mains dans le cambouis, ce qui les amènera à qualifier ce style bien à elles de « rock remise ».

Séduite par le projet, une certaine Purple Snake Vulva rejoint le groupe. Chanteuse de formation, elle décide pourtant de jouer ses premières notes de guitare pour se mettre au même niveau que ses acolytes néophytes. C’est là que commence l’ascension sociale : le quatuor déménage dans un garage chauffé avec un son de qualité et équipé d’un frigo à bières. Ils’entoure aussi de deux coachs masculins (l’homme étant nécessaire à l’épanouissement de la femme). Relégués dans la garderie attenante, les conjoints des Vulvettes l’œil hagard, la poussette à la main, s’interrogent : à quel moment tout avait dérapé ?

Après une série de répétitions ouvertes à d’éminents acteurs de la scène musicale locale, elles enfilent des cagoules-vulves (crochetées main en Ardèche, s’il vous plaît) et réalisent leur premier concert en mai 2024. À l’occasion de cette « Soirée Moules »,elles s’associent au collectif des Indécentes (lectures érotiques en musique) et aux Poissons-Chattes (DJ set) pour offrir un spectacle 100% vulve.À l’affût de talents émergents, les membres du CDR (Celebration Summer Days) prennent un risque considérable et offrent au Vulvet Underground l’opportunité de se produire sur la scène du Celebration Summer Days.

Pour préparer le groupe à la réalité de la scène, le CDR organise en partenariat avec la Grange à Musique une résidence technique. Le groupe en apprendalors beaucoup : depuis le début, la moufle du micro porte un nom : il s’agit d’une bonnette. Et le micro-casque ne se porte pas comme un serre-tête.

Pendant ce temps, au fond de l’atelier de Paradigme, des petites mains s’activent et préparent le merch’ en sérigraphiant des moules sur tous les supports possibles : T-shirt, gilet jaune et rideau...Le 19 juillet 2024, c’est la consécration. Le Vulvet Underground se produit au pied du donjon de Clermont, jadis prison pour femme, communiant avec le public pourla grande messe de la Vulve. À quand la prochaine cérémonie ?